Résistible ascension

Printemps 1953, Faculté de droit de Paris. La Corpo de Droit sous la coupe d’un chef de clan, Jean-Marie Le Pen pour ne pas le nommer: défense absolue de contester le privilège d’un syndicalisme étudiant autoproclamé.

Deux étourdis, G.L et J.L.D, s’avisent de la convocation officielle des étudiants à l’élection des « délégués Capitant », embryon gaullien, à l’époque, d’une représentation estudiantine aux Conseils d’Université. Le scrutin est de liste, à un tour. Le quorum est d’un dixième des étudiants inscrits. Les audacieux ont le culot de poser leur candidature, avec trois ou quatre camarades. Colère du chef de clan! « Votre candidature est un affront à la liberté syndicale. Vous  allez perdre. D’abord, comptez sur moi pour la boycotter par une consigne d’abstention, et je la ferai respecter. Ensuite vous allez vous heurter à une coalition de toutes les gauches de cette maison: communistes, socialistes, PSU, M.R.P, etc. Vous n’avez aucune chance. »

Nous n’atteindrons pas le quorum. Mais le résultat donne 70% des votes en notre faveur contre 30% à nos opposants. Le chef de clan déconfit n’a plus qu’à nous offrir à boire pour se dédommager de sa déconvenue.

Premier défi dans l’histoire du potentat Le Pen. Sa première défaite. Il n’est de servitude, enseignait La Boétie, que pour qui n’a pas osé résister…

 

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