Les oies cacardent

Les oies du Capitole occupent les parapets. Par tous les créneaux, elles lancent leurs appels cacophoniques à l’éveil des bonnes consciences. Rome n’est plus dans Rome, elle est là-haut, toute où elles sont. Pas un mot, pas un son, pas le souffle du soupir d’une oeuvre qui ne soit pesé, soupesé, scruté, passé au crible de la bien-pensance par les oiseaux noirs des remparts. Osai-je dire que Fréron est un fripon, je puis bien m’appeler Voltaire, une oie cacarde et me fait jeter en prison. Il paraît que telle chose ne se dit pas, que le propos est clivant, méprisant, discriminatoire, qu’il choque l’humanité puritaine de la société rigoriste des Plenels et Bayrous. Et pourtant, Fréron est un fripon. De même pourrais-je encore dénoncer l’ardeur de ceux qui voudraient m’interdire de penser comme jadis d’anciens préfets, de la gent des cagots, voulaient m’empêcher de danser au village d’Azai? Voltaire, Paul-Louis Courier, Léautaud, le Debré du Courrier de la Colère, les grands polémistes devront bientôt se taire devant le zèle des tyrans de la bonne opinion. Assez, et que le bon peuple gouverne!

Publicité

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s