De la violence faire aux hommes

Elles se proclament libres et détachées des convenances, dénudées de la chevelure au talon, délurées et offertes indifférentes à l’indiscret regard du passant, et lui les croit offertes. Cet effet de l’attraction universelle, qu’on nomme attirance ou désir, le persuade de leur offrir le bras, davantage si possible, mais elles résistent et s’indignent et tout au fond d’elles-mêmes refusent la chance, c’est à dire le risque du fruit. Il ne sera pas dit que leur ventre soit ouvert. Alors, il n’y comprend rien, son regard se durcit. Procréatrice par instinct, sa nature se révolte, la vierge lui fait offense, il la lui faut. Ainsi s’efface le galant, le chevalier, il devient le balourd, le grossier, l’indigne, gibier de potence. L’indignation s’étend et s’enfle, médiatiquement. Méfiance, une chasse est ouverte.

Qui osera chanter désormais la romance du harcèlement religieux, la dévotion quasi mystique de l’assaillant hanté d’amour, de Solal au plus près de la perverse Ariane, Belle du Seigneur ô combien conquise et puis détruite par l’amour même, celle de François vainqueur persévérant d’Anne, l’agnelle pieuse et prude révélée par ses lettres insistantes. L’une et l’autre asservies dans la gloire, mais on sait de reste qu’il n’est de servitude que volontaire. Louange à toi, Seigneur et souverain bien, un amour est né que le souvenir n’éteint pas.

Ô triste monde médiatique, celui dans lequel les enfants ne pourraient plus jouer à Colin-Maillard innocemment!

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France, terre d’accueil.

Si j’étais un réprouvé chassé de mon pays, soit misère, soit persécution, je chercherais refuge en France plutôt que nulle part ailleurs. Je sais, la France est difficile, les Français plus encore, et leur langue à leur image. Elle craint officiellement l’afflux des réprouvés de mon espèce, restreint l’accueil, bride l’emploi qui s’est fait rare et d’abord pour les siens. Néanmoins, c’est la France qui m’attire, invinciblement, malgré la difficulté.

Je regarde les Français, façonnés par leur Histoire, cette pyramide de générations immigrées comme aujourd’hui se présente la mienne. Au fil du temps, ils se sont frottés à leurs frères venus après eux, se bousculant les uns derrière les autres, poussés sans cesse par de plus arriérés qu’eux, fondus, amalgamés, s’unissant dans l’adversité, s’enracinant pétris d’égalité fraternelle, quelquefois fanfaronne, mais jamais vaine, et victorieuse dans les jours terrifiants.

C’est ce peuple, cette nation habile que je veux revêtir, augmentée de mes apports, Si elle me voit tel que je suis, elle ne peut que se souvenir de ce qu’elle est dans ce qu’elle a été, revoir en moi qui furent les siens, se refléter dans mon image, m’accueillir à mon tour et m’accepter.

Je suis celui, nouveau venu, qui réveille l’ardeur, secoue la morne habitude, fait tomber les préventions comme les branches mortes sous le soleil, éteint les hontes et les remords, propage l’énergie, non pas du désespoir, mais de l’espérance de vivre et prospérer dans le renouveau de l’avenir ouvert.

Je ne demande ni secours, ni subvention, Rien qu’une place auprès de ce peuple et la liberté, pour notre plus grand commun profit, d’ajouter la force nue de mes bras, la lucidité inquiète de mon intelligence, à la création continue de ce peuple que je fais déjà mien et qui ne peut pas me rejeter.