De Zabor à Rimbaud

« Pourquoi j’écris? » demande Zabor. « Parce que je témoigne, je suis le gardien, je fais reculer la mort des miens car ils sont essentiels et dignes d’éternité. Dieu écrit, moi aussi ». Ce nouveau roman de Kamel Daoud (Actes Sud, août 2017) ouvre à l’écrivain les portes de l’extase (c’est le titre du dernier chapitre), et le lecteur se pénètre d’un enivrant elixir, le mot lui vient aux lèvres en reposant l’ouvrage. C’est le livre de la raison d’être qui, du mythe de Robinson à la leçon de Schéhérazade, trace le chemin de la liberté, corps et âme réconciliés. Quittant celui des livres sacrés qui enclosent les croyants dans la gangue du parler qui les fige, lentement, difficilement, encombré de mille obstacles qu’il lui faut déblayer, l’enfant débile paré du don qui le révèle découvre la langue, trace l’écrit, le livre, la littérature qui délivre l’être fruste de l’enlisement mortel des sables dans le désert et l’entraîne dans les délices de la transcendance assumée.

Et tel Rimbaud descendu « des Fleuves impassibles », Bateau Ivre délivré des « haleurs », l’enfant baigné d’amour, l’enfant enchanté des Psaumes, pourra s’écrier: « O que ma quille éclate! O que j’aille à la mer! ». Vite, dans « une eau d’Europe…Un bateau frêle comme un papillon de mai ».

 

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Goujat, goujate

Braver les codes et les rites d’un lieu saint est muflerie.

Les honnêtes gens ne comprendraient pas qu’un homme convié à une cérémonie de synagogue récuse le port d’une kippa, qu’un chrétien entrant dans une mosquée refuse de se déchausser d’abord, qu’un touriste agenouillé au pied d’un Bouddha affale devant lui le plat de ses sandales.

Qui ne se souvient de l’indécente impolitesse du président de la République française envers le pape François dans son ignorance crasse et peut-être affichée des codes établis de la préséance acquise au Souverain Pontife dans le siège de Rome?

Une femme publique française, catholique présumée, fait à un Mufti libanais l’affront assumé de refuser le port d’un voile à l’entrée de son sanctuaire. La même serait donc capable, en toute logique, de refuser de se couvrir la tête d’une  mantille à l’entrée du Saint-Siège? Elle qui pourtant, aura porté le voile pieux le matin de sa communion solennelle? Quel crédit pourrait porter à cette écervelée la masse des fidèles tentés un moment de se mêler à ses cortèges?

 

« La main que tu ne peux couper… »

« Ne fléchissez pas, ne demandez pas la paix quand vous êtes les plus forts. Dieu est avec vous et ne vous retirera pas de vos actes » (sourate XLVII, verset 35, trad. J. Grosjean).

« La main que tu ne peux couper, baise-la ».

Il paraît que les Russes méditent une conférence de la paix syrienne de concert exclusif avec les Iraniens et les Turcs dans la capitale des Kazakhs. Amorce d’une Pax universalis des Empires d’Orient tournant le dos à une Pax americana-germano-occidentana apparemment à bout de souffle et manifestement hors jeu?

Cependant, après la chute horrible d’Alep, on voit persister dans leur état de belligérance endémique un « régime » et des « rebelles » que tout oppose dans leurs ambitions hégémoniques: alaouites, chiites, sunnites d’obédiences inconciliables. On souhaite aux Russes bien du plaisir!

Sourate et proverbe en disent assez de l’esprit de conquête perpétuelle qui fait le cœur de l’Islam militant: baisez, coupez toutes les mains que vous pourrez, tant que l’Islam combat, Dieu est avec lui.

Faut-il prévenir le président Poutine?