Dérision

Envolé l’or des lampions, réduite à rien la frénésie médiatique des histrions, que reste-t-il entre les ondes au retour des héros? L’amour, la vie (c’est  même chose) sont à la ramasse au bord des prairies délaissées. Le minuscule oiseau, mésange bleue aux soudains balancements s’approche de la mousse rose, y pique le menu ver de sa survie, choisit une brindille et puis s’envole vers l’infini, assidu à vivre et à survivre sans autrement  penser.

Foin de la palabre perpétuelle, foin de la polémique,  des querelles, de la gloire, de la politique! Que cesse le tintamarre universel! Le peuple veut la paix entre mésange et vermisseau , le reste n’est que mouches, bourdonnements assourdissants, avidité cruelle de domination. Dominer l’autre, dominer le monde, quelle dérision! Vite, rentrons au pré pour enfin vivre debout.

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Olympisme?

Mais où sont les prouesses d’antan?

Un centimètre gagné par-ci, une milliseconde par-là, quatre touches de plus ou de moins pour un carré d’escrimeurs, tout est mesuré, calibré, enserré dans les limites de règlements étriqués, d’étiquettes vétilleuses, jusqu’aux vessies qu’on explore pour censurer l’exploit! Ils appellent ça l’olympisme; les vainqueurs, des héros, à l’antique. Considérés dans la nuit médiatique, ce ne sont pourtant que des nains, propulsés vers une lumière douteuse par des médias emphatiques, choéphores d’un système écrasé par la manne des magnats.

« Il dit et déracine un chêne » (Victor Hugo). Dans la Légende des siècles, seuls comptent les géants, non pas ces forçats du sport, gladiateurs du nouveau cirque enrôlés de force dans la mesquine vanité des nations. Pour n’en citer, que dix, de ces héros authentiques dont l’exploit échappait à toute mesure, à toute contrainte, voyez, dans le désordre, Magellan ou Socrate, Abdelkader, Luther, Cromwell ou bien Jaurès, Churchill, Alexandre, Bonaparte, Gengis Khan. Chez nous, Jehanne et Péguy sont déjà si grands que nous n’aurions besoin de nul autre.

Sans la passion, « qui est toute l’humanité » selon Balzac, « la religion, l’histoire, le roman, l’art seraient inutiles ». La passion n’habite plus le stade olympique.

France-Allemagne, Eurofoot 2016

« La France a gagné, quelle France? », s’emporte le grincheux en faction devant la guérite des humeurs massacrantes. « Je ne vois qu’une équipe de joueurs français en face d’une équipe de joueurs allemands, autour d’un ballon rond. Qu’est-ce que la France a à voir avec ça? Et l’Allemagne? »

-Tu n’as rien compris, connard! Si ces garçons ont quelque valeur, s’ils ont été capables de battre un adversaire réputé plus fort qu’eux, c’est bien parce que, Français, ils ont été éduqués et entraînés, au physique et au moral, dans notre France nationale et que leur valeur, acquise chez nous, par nous, grâce à nous, c’est bien notre valeur française, qu’ils illustrent et représentent ainsi.En face d’eux: la valeur de l’Allemagne. Tu diras peut-être, de ton point de vue négatif, que la France n’en produit pas moins de sous-doués, d’incapables, de voyous, et tu les proclameras cette fois purs produits de la décadence française. Peut-être, mais tu ne pourras pas dire que cette France valeureuse ne rachète pas celle-là au centuple. Rentre  chez toi, va, et cesse de maugréer sous les Marine décadentes, comme ailleurs tes semblables sous les Trump, Faraj, Boris Johnson et autres défaitistes!