Le voile, encore le voile!

Qu’à tant de voile ils prêtent maléfice, c’est signe que la tête ne va pas bien chez les faiseurs de lois. Quel est donc ce supplice qu’endurerait la chose publique?

On peut se choquer à la rigueur du laisser-aller des filles. Cela ne relève guère que de l’ordinaire pudibonderie des prudes. Mais qu’en retour le législateur s’insurge de la pudicité du voile, qu’il ose en prohiber absolument l’usage du préau de l’école jusqu’à l’amphi des facs, est-ce autre chose que la face renversée de la crainte révérencielle du mâle honteux et confus de ne pas savoir tenir une femme entre ses bras? Alors, le mâle efféminé s’abaisse à l’état de puceau, il lui vient des boutons, il s’empourpre la face, il toussote, il bégaye, il tâtonne à la recherche d’une source claire d’ inspiration saine, celle qui dira d’écarter le voile de la face où il n’a rien à faire, de le remettre à l’aise à la femme qui le réclame pour son bonheur.

Il n’est voile qui abolisse l’être jusqu’au fond de soi. Suivez seulement telle qui s’en enveloppe, inattentive au quidam indiscret qui la suit, indifférente à celui qui la fuit, mais contente dans le fond si d’un œil exercé le quidam a discerné dans son regard modeste le signe d’un bonheur ferme et tranquille. Il est aussi des voiles qui exaltent la beauté. On trouvait naguère encore, au village d’Auvillar (Tarn-et-Garonne, France), une communauté de bonnes sœurs dont la cornette était si gracieuse que le peuple les avait surnommées, affectueusement, « les coquettes de Jésus ». Comme vous aurez péché, il vous sera pardonné…

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